Un livre, une auteure : Patti Smith

Ce n’est pas si facile d’écrire sur rien.
C’est ce que disait le cow-boy au moment où j’entrais dans le rêve. Vaguement bel homme, intensément laconique, il se balançait dans un fauteuil pliant, le dos calé contre le dossier, son Stetson effleurant l’angle extérieur brun foncé d’un café isolé.

A10557Ce livre aurait pu s’appeler Aria pour un café tant les références à la boisson et à ses lieux sont fréquentes.
Point de départ : le café ‘Ino dans Greenwich Village, où Patti Smith prend, chaque jour, un café bien noir, une tranche de pain complet et un ramequin d’huile d’olive. Assise à sa table, des souvenirs qui s’entremêlent, des rêves qui ressurgissent, d’autres cafés qui se révèlent.
Une véritable cartographie du souvenir se dessine sous les yeux ébahis du lecteur, au fil des polaroids tirés et des tasses de café entièrement savourées aux quatre coins de la planète. Tel le lapin d’Alice, Patti Smith nous emmène, station après station, dans les méandres de sa vie passée : son mariage avec Fred « Sonic » Smith, ses pèlerinages sacrés dans l’intimité d’êtres exceptionnels comme Jean Genêt, Paul Bowles, Frida Kahlo, Sylvia Plath, Roberto Bolaño, entre autres… Son processus de création, son goût pour les séries policières, son Alamo après la tempête.
Entre rêve et mémoires, M Train était un livre troublant, débordant de sincérité et de tendre mélancolie. Autobiographie partielle, journal de bord, livre de deuil, il révèle une artiste aux multiples facettes, à l’authenticité flagrante.
Moi qui ne suis pas une adepte du café, j’ai pris goût à cette déambulation caféinée en dix-huit étapes et aurait même désiré que ce voyage dure un peu plus longtemps…

M Train. Patti Smith.
Traduit de l’anglais par Nicolas Richard. Gallimard. 272 pages, 19,50 euros.

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